Maternité, alimentation carnée et adulte stressé

 

 

On peut lire sur le site de la BBC : "High meat diet 'can stress baby' ", en français, cela donne : "Une alimentation fortement carnée peut stresser un bébé". De la viande pour les nourrissons ? Ils sont fous, ces Anglais ! Rassurez-vous, nos amis anglais ne sont pas devenus fous. En fait, ce message concerne les femmes enceintes.


Hormone du stress et alimentation

  

Le cortisol est la substance qui a permis à l’homme des origines de la vie humaine de survivre dans un environnement hostile. Il est souvent appelé "hormone du stress" puisqu’il est produit au cours d’une situation où l’individu éprouve de l’anxiété.

Toutefois, l’action du cortisol ne se cantonne pas au stress. Il intervient dans de nombreux processus biologiques. Il permet de restaurer l’homéostasie, c’est-à-dire l’équilibre des paramètres physiologiques, en particulier après une situation de stress. Cette hormone possède de puissantes et dans certaines circonstances redoutables propriétés entrainant parfois des problèmes de santé quand sa teneur dans le sang devient très élevée. Son action est complètement opposée à celle de l’insuline. Contrairement à cette dernière, le cortisol favorise l’élimination de la réserve de glucose encore appelée glycogène. Il intervient également dans la destruction des lipides et des protéines.

 

Des expériences ont mis en évidence que l’alimentation carnée ou hyperprotéinée entraîne chez l’homme, au cours de la digestion, une augmentation du niveau de cortisol dans le sang. (voir "Alimentation et souvenirs")

Ceci étant, des études ont été réalisées aux Etats-Unis et ont donné des résultats assez surprenants. Des femmes enceintes eurent pour consigne de manger chaque jour 450 g de viande et de réduire plus ou moins, selon les directives des scientifiques, leur consommation d’aliments riches en sucres lents (comme ceux rencontrés dans les légumes, les céréales et quelques fruits), et ce, au cours de la deuxième partie de la grossesse, plus précisément les 3 derniers mois avant l’accouchement.

 

  Résultats: la réduction des glucides et de tout ce qui les accompagne liée à une moindre consommation de végétaux eut pour conséquence une faible prise de poids durant la grossesse, mais cela ne constituait pas en soi une surprise. Le plus étonnant est que l’enfant, après la naissance, présentait des signes d’anxiété liés à la quantité de cortisol dans le sang.

En effet les bébés de mamans ayant consommé durant leur grossesse 15 repas carnés par semaine eurent un niveau de cortisol de 22 % supérieur à la normale et ce taux d’hormone atteignit 46 % quand le nombre de repas avec de la viande, dépassa 17.

Ces enfants devenus adultes font alors partie des individus qui, sans être sous l’incidence d’un facteur stressant, ont un niveau de cortisol sanguin supérieur à la normale.

 

Concentration du cortisol dans le plasma d’hommes et de femmes de 30 ans, à jeun, en fonction du régime alimentaire adopté par leur mère au cours de la grossesse.

 

graphe en gris clair       =  consommation de légumes verts < 7 repas par semaine

graphe en gris foncé     =  consommation de légumes verts > 7 repas par semaine

 

Comment peut-on expliquer cette situation ? En fait, il faut savoir qu’à chaque fois que nous consommons des protéines animales, quelle que soit l’origine (poisson, volaille, bœuf, etc.), en quantité importante par rapport à la quantité de fruits et légumes, la production d’hormone de stress est augmentée significativement. On a pu mesurer dans la salive un niveau de cortisol 2 fois plus élevé, 1 heure après l’ingestion d’un repas riche en protéines animales.

Lors d’une grossesse, il se produit exactement la même chose chez la femme enceinte et le sang maternel s’enrichit peu ou prou en cortisol toutes les fois où un repas, renfermant une grosse part de protéines, est consommé. Si de surcroit la maman stresse, le fœtus baigne alors en permanence dans le cortisol. Cette situation a inévitablement des conséquences sur l’enfant à venir et l’adulte qu’il sera : ils seront tous les deux, stressés!

Remarque : si la maman a eu une alimentation carnée, le nourrisson affiche sur la balance un plus faible poids à la naissance par rapport à un enfant mis au monde par une maman ayant eu une consommation modérée de viande. En vérité, l’alimentation hyperprotéinée de la maman a astreint le fœtus à une sorte de régime du type de celui du Dr Dukan, in utéro.  

 

 

En conclusion : Il apparaît donc qu’à la naissance certains individus partent avec un handicap se traduisant par une forte prédisposition au stress, tout simplement à cause des choix ou envies alimentaires de leur maman.


 

Références bibliographiques

 

The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. 2007 Vol. 92, No. 6 2208-2210
Stress Responsiveness in Adult Life: Influence of Mother’s Diet in Late Pregnancy

 

The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. 2003 Vol. 88, No. 8 3554-3560.

Maternal Consumption of a High-Meat, Low-Carbohydrate Diet in Late Pregnancy: Relation to Adult Cortisol Concentrations in the Offspring 

 

Nutr J. 2012 Feb 14;11(1):9.

Restriction of meat, fish, and poultry in omnivores improves mood: a pilot randomized controlled trial

 

J. Physiol. 2006;572;45-50.

Fetal programming of autonomic and HPA function: do people who were small babies have enhanced stress responses?