Cancer du sein sous influence des saisons

 

Cancer du sein: quelques chiffres

 

 - Le cancer du sein a été à l’origine d’environ 11 000 morts chaque année dans les années 2000, la mortalité est relativement stable (11201 morts en 2005),

 

- En France, il représente plus d'un nouveau cas de cancer sur 3 (36,7 % en 2008) sur l'ensemble des nouveaux cancers, chez la femme,

 

- On diagnostique chaque année environ 50 000 nouveaux cancers du sein en France,

 

- En 2005, ce nombre était de 49 814, ce qui correspond à un taux d'incidence parmi les plus élevés d'Europe. Ce taux a augmenté en France de 2,4 % en moyenne par an durant 25 ans (de 1980-2005),

 

- Moins de 10 % des cancers du sein surviennent avant 40 ans, 25 % surviennent avant 50 ans, près de la moitié avant 65 ans.

 

- En France, presque 10 % des femmes développent un cancer du sein. 75 % des nouveaux cas dépistés sont des femmes de plus de 50 ans et ce nombre est en augmentation constante : 35 000 en 1995, 42 000 en 2001.

 

 

Incidence des saisons

 

Un des aspects tout à fait étonnant, concernant le cancer du sein, est sa relation avec l’environnement et en particulier les saisons. Plusieurs études dont une englobant 3 millions de femmes ayant eu un cancer du sein ont montré qu’il est diagnostiqué un plus grand nombre de cas de cancer du sein à certaines périodes de l’année et notamment au printemps. Cette saisonnalité attachée au cancer du sein conduit à observer en outre une incidence des saisons sur le processus de cancérisation. Au final cela se traduit dans certains cas par une réduction très conséquente de l’espérance de vie !

Pourcentage de patientes de moins de 50 ans atteintes d’un cancer du sein à récepteurs estrogènes et progesterones négatifs restant en vie après 8 ans, et ce, en fonction de l’époque du diagnostic :

- tracé en continu pour la période allant d’octobre à janvier, 70 % de patientes sont toujours en vie après 8 ans

- tracé en pointillés pour la période allant de février à septembre, 50% seulement de patientes sont toujours en vie après 8 ans.

 

Quels phénomènes conduisent à une moindre espérance de vie pour les femmes chez qui le diagnostic d’un cancer du sein "avancé" a eu lieu à un certain moment de l'année?

 

La chimiorésistance est une des complications pour le traitement d’un cancer. La prolactine est une des hormones impliquées dans la pathogenèse du cancer du sein. Elle réduit l’efficacité des traitements anticancéreux, et ce, par un mécanisme bien spécifique. La prolactine active en effet un enzyme de détoxication (glutathion-S-transferase) qui bloque l’action de certains produits utilisés en chimiothérapie. Les œstrogènes, quant à eux, et le bisphénol A présent dans l’alimentation, induisent la formation d’une protéine antiapoptose qui empêche la cellule cancéreuse de mettre en route le processus de mort cellulaire. Les récepteurs de la progestérone, en ce qui les concerne,  interviennent dans la régulation d’une protéine favorisant la résistance à la chimiothérapie.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci-contre graphe présentant une variation de la concentration des récepteurs de la progestérone avec un maximum en début de printemps et un minimum en début d'automne

 

Il s’avère que beaucoup des éléments biologiques impliqués dans le cancer du sein suivent un rythme circannuel c’est-à-dire que leur niveau dans l’organisme varie en augmentant et en diminuant tout au long de l’année.

Il n’est pas étonnant dans ce cas que l’on puisse observer des saisons plus favorables que d’autres à la guérison ou la survie de femmes atteintes d'un cancer du sein. La conjugaison des rythmicités circannuelles attachées aux facteurs biologiques ( prolactine, estrogène, récepteurs, etc.) peut produire à certains moments de l’année un effet de synergie qui favorise alors le développement de la tumeur en la protégeant par exemple des traitements utilisés en chimiothérapie.

 

Que peut-on faire dans ce cas ? Modifier l’alimentation de façon à contrer les effets négatifs des facteurs protégeant la tumeur ou favorisant son développement. Il est tout à fait possible de réduire les méfaits de certains phénomènes biologiques grâce aux aliments ou leur extrait. En effet si l’on prend les œstrogènes, on peut agir sur la quantité de ces hormones produites tout au long de l’année. De quelle façon ? Les œstrogènes sont obtenus à partir de la biotransformation de la testostérone par un enzyme appelé aromatase. Il est  possible de neutraliser l’enzyme qui transforme la testostérone en hormones féminines. Pour cela, il suffit de trouver dans l’alimentation ou les plantes alimentaires, une substance naturelle qui présente une analogie structurale avec l’hormone mâle et dans le monde végétal ce n’est pas ce qui manque. L’analogue structural prend alors la place de la testostérone au niveau de la cavité enzymatique et le résultat final est une diminution plus ou moins importante du niveau d’œstrogènes. On peut agir selon un mécanisme similaire sur la prolactine, et même sur les récepteurs hormonaux.

 

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