Margarine et asthme : une relation ?

 

L’allergie est un état de sensibilité spécifique pathologiquement exagérée à une substance antigénique. L’asthme est, quant à lui, une affection caractérisée par une dyspnée paroxystique à prédominance expiratoire. Elle est la conséquence d’une hyperréactivité bronchique à divers stimuli environnementaux.

Dans les pays occidentaux, l’asthme est devenu un problème de santé publique étant donné sa prévalence. Depuis les 30 dernières années, on observe une augmentation très marquée des individus atteints d’asthme. Il a été suggéré que l’alimentation « moderne » doit être à l’origine de cette augmentation.

 

L’alimentation peut-elle réellement favoriser le mécanisme conduisant à l’asthme ? Cela est tout à fait possible.

En effet, il n’est pas très difficile de trouver des individus allergiques à certains composants du lait ou de la cacahuète ou qui développent une urticaire en mangeant certains fruits (lychee, mangue, fraise, etc.).

Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’asthme ?

En fait des études ont mis en évidence que la consommation régulière de margarine est associée à l’asthme et plus particulièrement chez les enfants et les jeunes adultes.

 

Si la margarine est liée à l’asthme, qu’est-ce qui dans la margarine peut être à l’origine de ce phénomène ?

En fait la margarine est composée de 80 % de matières grasses (acide oléique, linoléique, alpha linolénique, etc.) et de 16 % d’eau ou de lait. La margarine est un aliment gras qui constitue le principal substitut du beurre.

Les deux phases (huile et eau) de la margarine n’étant pas miscibles, il est impossible d’obtenir un mélange homogène et stable sans recourir à un émulsifiant qui a le pouvoir de stabiliser l’émulsion eau dans huile. Les émulsifiants les plus couramment ajoutés sont la lécithine de soja ou les mono et diglycérides d’acides gras.

La margarine offre alors une consistance proche du beurre. Bien que cette consistance varie avec la température ambiante, la margarine reste, même à basse température (4° à 8 °C), suffisamment malléable pour être tartinée sans trop de difficultés. Le beurre sortant du réfrigérateur est par contre plus difficile à étaler sur une tranche de pain.

Enfin pour permettre une bonne conservation de la margarine, l’acide sorbique est ajouté au mélange à émulsionner. En effet, l’acide sorbique est actif contre le développement des levures et des moisissures et à un degré moindre des bactéries. Etant donné que son action antibactérienne est insuffisante, il est nécessaire de lui adjoindre d’autres ingrédients chimiques pour renforcer celle-ci.

 

Comment la margarine peut-elle favoriser l’allergie ou l’asthme ?

Il se trouve qu’un certain nombre de composés chimiques ajoutés dans le mélange eau / huile peuvent chez certains sujets produire des réactions de nature allergique. Par ailleurs, les oméga-6 peuvent accentuer un processus allergique, inflammatoire ou la sensibilisation d’un sujet à des facteurs environnementaux non alimentaires. Il a été mis en évidence que l’acide linoléique contribue à entretenir un processus inflammatoire pulmonaire.

A noter que les enfants semblent être plus sensibles aux « effets secondaires » de la margarine, notamment les garçons !

 

Par conséquent, face à une allergie ou un asthme, il faut vérifier si une diminution de la consommation de margarine et de tous les aliments contenant des oméga-6, comme la mayonnaise à l’huile de tournesol, ne se traduira pas par une réduction des signes cliniques.

De même, si l'on est sujet à la rhinoconjonctivites printanière, il peut être utile de diminuer pendant la période critique, la consommation d'acide linoléique qui se trouve présent dans de nombreux aliments. 

 

 

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