Obésité, virus et effet yoyo

Sur le site du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies ou CDC, basé aux Etats-Unis, on peut lire, traduit en français : « ADN de l’adénovirus-36 dans les tissus adipeux d’un patient présentant une obésité viscérale inhabituelle ».

 

La découverte de l’implication d’un virus, l’adénovirus-36, dans certaines obésités remonte à quelques années. Elle a pu être réalisée grâce à l’étude de couples d’enfants, vrais jumeaux, dont seul un des 2 enfants était obèse. Pourquoi recourir à des enfants vrai jumeaux? Parce qu’ils ont exactement le même patrimoine génétique; ce qui signifie que cette disparité pathologique ne relève pas des gènes. En outre pour affirmer que le virus étudié est effectivement responsable de cette anomalie, il fallait qu’entre les jumeaux toutes les autres choses soient égales. Pour que l’étude ne puisse pas être contestée, recourir à des enfants vrais jumeaux était le meilleur choix. En effet, ces “cobayes” vivaient dans le même environnement alors que cela n’est pas forcément vrai pour des jumeaux adultes (travail dans une entreprise différente et manger dans une cantine des aliments différents, etc.). Les 89 couples de jumeaux sélectionnés vivaient quant à eux au sein d’une même cellule familiale, allaient à la même école dans la même classe. Partageant les mêmes goûts alimentaires, ils mangeaient donc les mêmes aliments aussi bien à la maison qu’à la cantine de l’école.

Les chercheurs ont alors montré que ce qui distinguait le jumeau en excès de poids de l’autre était la présence, dans son organisme, d’un virus appelé adénovirus-36 qui est généralement impliqué dans les rhumes et autres affections respiratoires. Ce virus “s’attrape” dans la majorité des cas au cours de l’enfance.

 

photo au microscope électronique de l’Adénovirus-36

 

L’affection respiratoire une fois terminée, ce virus peut entrer en latence et ne plus se manifester ou au contraire migrer dans les zones où il pourra stimuler les enzymes et les facteurs impliqués dans l’accumulation des graisses. Une fois bien installé dans ces zones, l’adénovirus favoriserait le développement à maturité d’adipocytes, leur permettant alors de se remplir copieusement de triglycérides.


Remarque: si un Adénovirus-36 d’origine humaine est isolé et injecté à des animaux de laboratoire, on observe alors dans environ 80 % des cas l’apparition d’une obésité chez l’animal infecté. Cela a pu être vérifié chez la souris, le rat, le poulet et le singe, mais pas chez l’homme, et ce, pour des raisons évidentes d’éthique et sans doute aussi parce que les candidats à l’obésité ne se seraient pas bousculés pour participer à l’expérience !

 

Les travaux menés jusqu’à présent dans ce domaine ont mis en évidence que, chez un sujet obèse ayant le virus, l’indice de masse corporelle est de 9 unités supérieur à celui d’une personne normale en parfaite santé. Chez un enfant obèse et contaminé, la masse corporelle peut afficher jusqu’à 17 kilogrammes de plus qu’un enfant du même âge non infecté et atteint d’une “simple” obésité.

Une étude portant sur plus de 500 personnes obèses a montré que ce virus est présent chez environ 30 % des obèses et infecte seulement 10 % des sujets non obèses. A noter que, pour ceux qui ont le virus et ne sont pas obèses, la masse corporelle est toutefois légèrement supérieure aux individus en bonne santé non porteurs du virus.

 

Singularité liée à la présence du virus dans l’organisme : les sujets, infectés par ce virus et en surcharge pondérale, ont un niveau de cholestérol et de triglycérides plus bas que la normale !

 

Conclusion: si Adénovirus-36 est à l’origine de certaines obésités humaines et qu’on lui impute en fait 30 % des cas, cela signifie que pour les 70 % restant il existe un autre facteur. En vérité, il existe au moins 2 facteurs capables de conduire à un bon excès de poids, l’un environnemental et l’autre biologique.

 

Dernier point: les individus en excès de poids avec le virus ou avec les autres facteurs reprennent leurs kilos systématiquement après une cure d’amaigrissement, c’est ce qu’on appelle l’effet yoyo. Pourquoi en est-il ainsi? Tout simplement parce que, si les régimes font effectivement perdre de la graisse, ils ne suppriment pour autant la cause de l’obésité, par exemple le virus qui, après la perte de poids, est toujours là, bien actif, et fait donc reprendre les kilos difficilement perdus !

 

Comment fait-on alors pour perdre du poids sans en reprendre? La seule façon possible de ne pas reprendre des kilos consiste à neutraliser l’action du virus ou des autres facteurs à l’origine de l’accumulation des graisses.

 

Références bibliographiques

 

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